On a tous déjà répondu ça à un recruteur qui nous demande nos défauts, non ?
Ahlalalalalala. Le perfectionnisme…
Ou comment reporter de se mettre à une nouvelle activité, une tâche, un exercice parce que l’on craint que ce ne soit pas parfaitement réalisé… Ne pas faire plutôt que faire mal. Se dire qu’on le fera mieux plus tard avec plus d’expérience, plus de temps plus de légitimité…
La petite voix intérieure, celle qu’on voudrait bien étouffer…!
Prenons, au hasard, l’exemple d’un article à rédiger.
Pur hasard, on a dit !
Disons qu’on est quelqu’un qui aime écrire, qui aime partager ses idées, qui a envie d’explorer des sujets plus en profondeur et d’en faire part au monde, par sa petite lucarne de blog… On sait qu’on a des choses à dire, on ne sait pas trop comment… et puis une sympathique petite voix intervient dans notre tête, pourtant pas si mal faite, et prononce laconiquement « Nan mais attends, qui va trouver ça intéressant ?! et puis, tu ne sais pas TOUT sur tout sur ce sujet ! tu vas écrire une connerie, voire 2 même ! On va se moquer de toi, tu fais perdre du temps à tout le monde là… ».
Cette petite voix, ma mère l’appelait la petite voix « bitchy » , ça marque ce genre de vocabulaire, mais c’est pour dire à quel point ces pensées viennent gâcher tout le travail de développement et de confiance mené en parallèle. Du pur sabotage, de l’auto-sabotage.
Gare à l’accoutumance à la présence des pensées down
On fait avec, on s’habitue presque à ses interventions, à la voix. Heureusement, elle est assez flemmarde, elle est du genre partisan du moindre effort. Elle vient te dire ” Mais tu ne vas pas aller faire du sport là, maintenant ! Il pleut et il fait froid, prends-toi un carré de chocolat plutôt (que dis-je, une tablette !) en faisant défiler ton fil d’actu Instagram (tu sais, là où tout le monde expose sa vie de rêve, embellie par des filtres… oui, toi y compris). De toutes façons tu ne seras jamais un canon ! ” BIM. Ben oui, à quoi bon ? Et c’est là qu’on se retrouve à gloutonner au lieu de se prendre en main et de faire de soi-même une personne active, tonique et surtout tellement contente de s’être poussée dehors.
Heureusement, de temps en temps tu réussis à lui dire avec autorité «Nanméohla ! t’as pas bientôt fini de m’empêcher de me mettre à l’œuvre, j’ai envie d’avancer moi ! » et puis, pfftt : elle disparaît…
Gagner les batailles une par une… C’est qui le patron ?!
Et là… là tu kiffes, tu fais la danse de la joie dans ton salon !! Parce que tu es fier de ce que tu as réalisé, fier de l’avoir renvoyée dans ses buts, fier d’avoir fermé les écoutilles à ses messages négatifs, et d’avoir gagné une bataille sur toi-même.
Ce qui la garde à distance, c’est la répétition, le nombre de fois où nous allons lui dire de se taire.
Nous sommes nos propres bourreaux, donc la bonne nouvelle c’est que nous avons en nous les ressources nécessaires pour faire taire nos bourreaux et nous faire du BIEN !
Dans le bouquin Comme par magie d’Elisabeth Gilbert que mon soleil Gaëlle m’a prêté, j’ai trouvé intéressant de lire que le perfectionnisme n’était qu’une version élégante de la peur, une angoisse irrationnelle qui nous fait croire qu’on n’est pas assez doué pour se lancer dans une nouvelle activité, un nouveau poste.
Les travers de cette fausse qualité
Les conséquences du perfectionnisme sont puissantes et vraiment lourdes :
-La paralysie : ne pas se lancer, s’empêcher, freiner, de peur d’être mal jugé ! mais par qui ? Des gens que vous imaginez probablement faire mieux que vous, mais vous savez quoi ? Ils ont autre chose à penser. Next !
–L’insatisfaction permanente et donc une incapacité à accéder à des moments de joie et de sérénité… quel gâchis !! “oui mais si j’avais attendu, j’aurais pu faire mieux…” Rappelez-vous, le mieux est l’ennemi du bien !!
-La procrastination… Qu’est-ce qu’on est doué pour se trouver des excuses pour reporter ce qui nous fait le plus peur, de manière incontrôlée… Une créativité incroyable ! et une mauvaise foi avec nous-même, on en rirait presque si ça nous faisait pas perdre des semaines… ! N’allez pas me dire pour autant que c’est bon pour la créativité, hein ! Je vous vois trouver des excuses !!
-La peur de ne pas être à la hauteur des exigences : des nôtres additionnées à celles des autres (famille, chef, recruteur, collègues, enfant(s), conjoint..). Les conséquences ? Des pensées négatives, des insomnies ou difficulté à s’endormir, des somatisations diverses et variées. Quel programme de rêve !!
-Probablement que se cache tout près un besoin de reconnaissance fort, rarement comblé. Et hop, une nouvelle raison de tourner en rond sur soi-même !
Et si on se servait de nos doutes ?
Or, peut-on dire qu’à partir du moment où l’on se pose la question de sa légitimité, c’est qu’on a suffisamment d’exigence avec nous-même ? Et une capacité de remise en question pour être justement à même de fournir un travail de qualité ?
Par ailleurs, je ne parle pas de travail « parfait », pourquoi ? Parce qu’un travail parfait pour quelqu’un va forcément être perçu différemment par quelqu’un d’autre. Il y a donc une notion absolue de subjectivité dans la perfection.
La perfection est liée à une notion de réalisation, de création.
Qui peut déclarer l’atteinte de la perfection ? Quand on a un tel niveau d’exigence avec soi-même, peut-on arriver à être satisfait de son travail ? De sa production ?
Et vous, quelle est votre définition de la perfection ?
Estimez-vous avoir déjà atteint la perfection dans l’un de vos domaines ?
Vous êtes-vous déjà empêché de faire quelque chose au prétexte que cela ne serait pas parfait ?
Êtes-vous aussi exigeant avec les autres que vous l’êtes avec vous ?
Racontez-nous comment vous êtes sorti de cette spirale de la peur !